Le 22 février dernier, le journal « La Croix » rapportait que le nouveau Secrétaire d’Etat à la protection de l’enfance, Adrien Taquet, avait indiqué à la presse que le gouvernement aurait finalement décidé de ne pas soutenir la proposition de loi de la députée LREM, Brigitte Bourguignon.
Cette proposition de loi rendait obligatoire l’accompagnement des jeunes majeurs sortant de l’ASE jusqu’à 21 ans. Elle avait été adoptée le 11 juillet 2018 en commission des Affaires sociales.
La décision de gouvernement de ne pas la soutenir est lourde de sens, sur plusieurs plans.
Tout d’abord, elle démontre que l’espoir suscité par la nomination d’Adrien Taquet fut de courte durée, et que le Gouvernement compte bien perdurer dans l’inaction.
Ensuite, elle démontre une vision centralisatrice du Gouvernement, pour qui tout doit venir « d’en haut », refusant toutes les initiatives parlementaires ambitieuses y compris celles venant de sa propre majorité.
J’avais d’ailleurs interpellé Adrien Taquet quelques jours après sa nomination, lors des Questions d’actualité au Gouvernement du 31 janvier dernier. Je lui avais demandé d’exprimer une position claire vis-à-vis de cette proposition de loi, qu’il avait lui-même signé en tant que député. Je comprends désormais son silence.
Enfin, cette décision démontre que le gouvernement ne souhaite pas instaurer un dialogue avec les départements, à qui l’Etat confie la gestion de l’ASE, par peur de les « heurter ».
La protection de l’enfance mérite des choix politiques ambitieux. L’aide sociale à l’enfance est aujourd’hui un système à bout de souffle, qui ne parvient plus à protéger nos enfants. Pire encore, il devient le lieu de reproduction des violences face auxquelles nous devons les protéger.
Adrien Taquet avait indiqué qu’il serait « le ministre de la concertation et du dialogue franc et sincère », voulant associer les parlementaires et tous les acteurs de la protection de l’enfance. Je l’appelle à passer de la parole aux actes.
La question de la protection de l’enfance doit être abordée sans tabou ni totem, surtout lorsqu’on sait que 40% des SDF de moins de 25 ans sortent de l’ASE et que 70% des jeunes sortent sans diplôme.
Le groupe de travail informel et transpartisan que j’ai constitué au Sénat prendra sa part en formulant des propositions concrètes pour rendre le système plus protecteur et donner à chaque enfant placé des perspectives d’avenir.
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