Mardi dernier, nous commémorions le 57eanniversaire des accords d’Evian et du Cessez le feu en Algérie, l’un des évènements les plus importants de l’Histoire partagée de la France et de l’Algérie. 

Nous célébrions une page de Paix qui unit les deux pays. En mettant un terme à huit longues années de conflit et en prévoyant un référendum en métropole, cet événement ouvrait en Algérie la voie de l’autodétermination. 

Ce jour honore la liberté des peuples à déterminer le chemin de leur destin commun. 

Cette indépendance allait dans le sens de l’Histoire, conforme aux droits des peuples à disposer d’eux-mêmes, aux droits de l’homme et du citoyen dont notre pays revendique bien souvent la paternité.

Cette souveraineté du peuple n’a pu se faire qu’au prix d’une effroyable guerre jadis appelé par gêne et pudeur les « évènements d’Algérie ». La loi de 1999, adoptée sous le gouvernement de Lionel Jospin est là pour renommer avec authenticité l’horreur des combats. Elle a permis de substituer l’expression « guerre d’Algérie» à celle «d’opérations de maintien de l’ordre en Afrique du Nord ».

Oui, car c’est bien d’une guerre dont il s’agit. Et si nous commémorons ce jour anniversaire du Cessez-le-feu en Algérie, c’est pour rendre hommage aux victimes et aux combattants de la « Guerre d’Algérie », aux soldats français, aux jeunes appelés du contingent qui ont été marqués à jamais, dans leur chair et dans leur âme, par les feux et par les plombs .

Nos deux pays restent et resteront longtemps marqués par les séquelles de ce conflit qui aura mobilisé près de deux millions de jeunes français du contingent, appelés pour deux ans et parfois davantage. Cette génération de soldat est encore là, pour témoigner de la barbarie de ce conflit qui plongea des familles françaises et algériennes dans la peur, l’incertitude et, tragiquement, dans la douleur du deuil.

N’oublions jamais que 25 000 français ne sont jamais revenus de ce conflit sanglant.

N’oublions pas non plus les pertes par milliers du côté de la population algérienne. 

C’est mon devoir, en tant que sénateur de la République, de ne pas occulter les faces les plus sombres de ce conflit restée longtemps tabous comme la pratique de la torture mais aussi la politique de terreur menée par le FLN et l’ALN, particulièrement sanglante à l’égard des civils. 

Commémorer cette guerre dans la transparence passe nécessairement par l’évocation de ces évènements tragiques. Je n’ai pas peur de le dire aujourd’hui : notre pays a bien souvent bafoué les principes qui sont les siens, quand ses soldats pratiquaient la torture comme une simple arme de guerre.

Nos discours et nos actes doivent aller dans le sens de la « vérité historique », c’est-à-dire de la pleine reconnaissance de la vraie nature de ce conflit.

De cette guerre qui ne disait pas son nom, toutes les blessures ne sont pas cicatrisées. Cette histoire commune est encore douloureuse et des actions isolées tentent parfois de raviver les sensibilités, alors que depuis quelques années, des signes montrent que l’on va de l’avant de part et d’autre de la Méditerranée. 

En évoquant des sujets restés trop longtemps dans l’oubli, en commémorant toute l’histoire de la Guerre d’Algérie comme nous le faisons aujourd’hui, sans nier nos erreurs passées, nous transmettons aux générations futures la mémoire, afin qu’ils puissent, ensemble, se tourner vers un avenir porteur de liberté. 

Souvenons-nous de tous les morts et victimes de cette Guerre. Honorons le souvenir de tous ceux qui, de près ou de loin ont souffert de cette guerre, afin de sceller la réconciliation des peuples algériens et français. 

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