Dimanche soir sont tombés les résultats des élections législatives italiennes. Un suffrage alarmant qui voit la coalition formée par la Ligue (extrême droite), parti allié avec les descendants de Mussolini, et Forza Italia de Silvio Berlusconi remporter le scrutin avec 37% des voix, réalisant l’essentiel de son score dans les régions les plus aisées du Nord. Pour Berlusconi, le constat est sans équivoque : les électeurs préfèrent toujours l’original à la copie. En épousant les thèses de l’extrême-droite, la droite se voit dépasser par celle-ci. Laurent Wauquiez devrait en tirer leçon.
Cette coalition bleu-brun est suivie par le Mouvement 5 étoiles, parti « antisystème » et « anti-migrant » qui a remplacé la Gauche dans ses bastions traditionnelles du Sud, plus populaire, en obtenant 32%, laissant loin derrière le Parti démocrate de Matteo Renzi avec 19%.
Ce matin, avec cette percée spectaculaire des partis extrémistes, populistes et europhobes, c’est toute l’Europe qui se réveille avec la gueule de bois.
Je ne me joindrai pas aux analystes pour commenter les impossibles tractations politiques qui s’engagent actuellement pour doter l’Italie d’une majorité capable de gouverner.
L’heure est plutôt au constat d’échec des choix dramatiques d’une « gauche » qui, dans son action et dans son langage, a cessé d’être de Gauche. D’une « gauche » qui, par ses errements, a offert un terreau fertile au retour du populisme et de l’extrémisme qui fit sombrer notre continent dans l’horreur. D’une « gauche » qui a renoncé à protéger la solidarité et la justice sociale pour préférer répondre aveuglement aux injonctions ultra-libérales du chacun pour soi. D’une « gauche » animée, par exemple, par le renouveau porté par Matteo Renzi, qui a brusqué la société italienne sans respect pour les corps intermédiaires sur l’autel de l’efficacité. D’une « gauche » qui s’est complu dans le flou artificiel de la fin du clivage gauche/droite et qui n’a pour sort que la clarté d’un vote de rejet.
Cette « gauche » n’est pas qu’italienne, elle est grecque mais elle est aussi allemande quand le SPD accepte la formation d’une coalition avec les conservateurs menés par Angela Merkel, symbole de cette Europe de l’austérité.
Les sociaux-libéraux sont balayés tour-à-tour. Nous, sociaux-démocrates européens, si nous ne portons pas la rupture avec l’existant lors des prochaines élections européennes, si nous ne portons pas le projet d’une Europe sociale, nous disparaîtrons tel le Pasok.
Dire, comme l’a fait le Président de la République, que la montée de l’extrême-droite est liée à l’arrivée des réfugiés est indigne de la parole française.
La montée des extrêmes est surtout liée à l’incapacité de la Gauche au pouvoir à améliorer le quotidien de tous et en particulier de ceux des plus en difficultés. Cette volonté d’y remédier doit être l’unique boussole de la gauche socialiste, écologiste et européenne. Elle doit être l’objectif du Parti socialiste.
Car notre Parti doit relever la tête. Il ne doit plus avoir la Gauche honteuse. Il doit assumer de défendre les plus en difficultés et ne pas céder aux sirènes de l’ultra-libéralisme même si la mélodie est macroniste. Le Parti socialiste doit redevenir le parti des causes comme il le fut pour les 35h, l’abolition de la peine de mort et les congés payés…
Des exemples existent en Europe, je pense au Partido Socialista portugais qui a décidé d’assumer la rupture avec les politiques d’austérité pour se focaliser sur nos fondamentaux : changer la vie.
Inspirons-nous-en.
Le Social-libéralisme est mort, vive la Social-démocratie.

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