La crise sanitaire que nous traversons et les mesures de restrictions qui en découlent ont mis en exergue, une fois de plus, les difficultés et les dysfonctionnements que rencontre notre système de protection de l’enfance.

Ce 31ème anniversaire de la Convention internationale des droits de l’enfant (CIDE) s’inscrit dans un contexte inédit.

Lors du premier confinement, de nombreux enfants placés– et notamment les plus fragiles – se sont retrouvés isolés. Comme tous les autres enfants, ils n’allaient plus à l’école et les moyens logistiques, malgré les mesures prises par le Gouvernement et les actions innovantes de certains départements, restaient insuffisants.

Pour les enfants en danger qui ne faisaient l’objet d’une mesure de protection, le confinement a décuplé les risques de violences. Les seuls moments de répit où l’enfant pouvait trouver refuge – à l’école, au sport ou chez des camarades de classe – ont soudainement disparu. Une double peine.

Cette crise a aussi mis en lumière un formidable regain de solidarité complétant ainsi les dispositifs mis en place par le Gouvernement pour mieux prévenir et mieux protéger les enfants. Je pense aux dispositifs mis en place par certains départements volontaires. Je pense aussi aux associations mobilisées chaque jour et aux collectifs d’anciens enfants placés dont le rôle est devenu essentiel afin de pallier les manques de moyens dans certains territoires.

Cette journée internationale des droits de l’enfant doit être l’occasion d’entamer une réflexion globale sur notre système. Car si l’aide sociale à l’enfance (ASE) sauve des vies, elle doit aussi permettre à l’enfant de se reconstruire, de s’épanouir, de s’insérer dans notre société.

Nous devons, en concertation avec l’ensemble des acteurs, remédier aux disparités dans la prise en charge des enfants suivant le département responsable.

De même que l’on ne saurait tolérer 101 politiques en matière d’éducation, il n’est plus tolérable de voir s’appliquer 101 politiques différentes en matière de protection de l’enfance dans chaque département de France.

Il n’est plus tolérable que la maltraitance dont sont victimes les enfants au sein de leurs familles se transforme, par manque de moyens et de personnels, en maltraitance institutionnelle.

Il n’est plus tolérable de voir des enfants livrés à eux-mêmes dans des hôtels sociaux, sans protection ni encadrement par des professionnels qualifiés.

L’action du Gouvernement, guidée par la stratégie de prévention et de protection de l’enfance, est essentielle et salutaire mais elle n’est pas suffisante. Elle doit être accompagnée d’une mobilisation de l’ensemble des acteurs : départements, associations, travailleurs sociaux, professionnels de santé.

C’est d’ailleurs dans cette volonté que j’avais créé, en janvier 2019, un groupe de travail sur la protection de l’enfance qui avait débouché sur une proposition de loi signée par des sénatrices et sénateurs de tous bords politiques.

Les défis qui nous attendent sont colossaux. Ils nécessiteront une mobilisation globale et des moyens humains et financiers importants. Mais c’est avant tout un devoir moral.

« Négliger les enfants, c’est nous détruire nous-mêmes. Nous n’existons dans le présent que dans la mesure où nous mettons notre foi dans le futur ».

 

 

 

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